Sérénità Veneziana

Inspirée par les ‘’Vedute’’ du 18ème siècle, loin du tumulte des circuits touristiques,  je me laisse emmener par la contemplation des palais vénitiens. 

Joyaux de la Sérénissime, ils témoignent à eux seuls de sa grandeur, de sa puissance, de sa beauté.

Vue en perspective frontale, l’architecture se met en scène et devient le théâtre de la ville.

La chromatique éthérée valorise la délicatesse des édifices, la nature environnante (l’eau des canaux, le ciel…) devient impalpable.

Proche de la gravure, l’architecture s'élève au-dessus des sentiments communs devient sublime, pure.

L'invitation au voyage

Mon enfant, ma soeur,
Songe à la douceur
D'aller là-bas vivre ensemble !
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre ;
Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l'ambre,
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds,
La splendeur orientale,
Tout y parlerait
À l'âme en secret
Sa douce langue natale.

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l'humeur est vagabonde ;
C'est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu'ils viennent du bout du monde.
- Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D'hyacinthe et d'or ;
Le monde s'endort
Dans une chaude lumière.

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Charles BAUDELAIRE   (1821-1867)